Les relations Est/Ouest - Tle

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Terminale

Introduction

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'alliance entre les vainqueurs est rompue et les deux blocs militaires et idéologiques se constituent autour d'une part des États-Unis et d'autre part de l'Union soviétique. Dorénavant, les relations internationales vont se concevoir dans une logique bipolaire, les autres pays devant choisir un camp. Paradoxalement, c'est quand les relations entre les deux Grands évoluent vers moins de tensions que chaque Grand commence à être contesté dans son camp ; mais dans quelle mesure ces contestations remettent-elles en cause la logique bipolaire née au début de la guerre froide ? Passe-t-on alors à une logique multipolaire ? Dans une première partie, nous analyserons la mise en place du monde bipolaire de l'après-guerre, puis nous nous intéresserons à la contestation de cette logique et, enfin, nous verrons comment le monde est passé de la bipolarité à l'unipolarité.

I. La formation des blocs

L’année $1947$ est marquée par la rupture de la Grande Alliance. Cette année voit la mise en place d’un ensemble de plans destinés à freiner l’avancée du communisme qui s’impose, parfois, par la force dans les anciens pays nazis. La doctrine Truman est une des premières bases de la lutte contre le communisme mise en place par les États-Unis. Le $12$ mars $1947$, Harry Truman, alors président des États-Unis, annonce son attention d’apporter une aide économique et militaire aux pays souhaitant s’opposer aux pressions des communistes. Le plan Marshall sera la seconde pierre dans la volonté des États-Unis de lutter contre le communisme de Staline. Le $5$ juin $1947$, le secrétaire d'État Américain, Georges Marshall propose l’idée d’une aide à l'Europe afin qu’elle puisse se reconstruire. C’est également une façon de lutter contre la misère qui risque de favoriser le communisme. Ce plan est signé le $3$ avril $1948.$ Si l’Europe de l’Ouest accepte, l’URSS et l’Europe de l’est, déjà sous influence communiste, refusent une part de ces 13 milliards de dollars. Peu à peu une rupture apparaît dans les coalitions nationales issues de l’après guerre. À l’Ouest, les quelques ministres communistes sont renvoyés des gouvernements. À l’Est, en réponse à la doctrine Truman, est mise en place la doctrine Jdanov, en septembre $1947.$ De la même façon que la doctrine Truman, cette doctrine prône la séparation du monde en deux blocs, un bloc impérialiste et un bloc anti-impérialiste représenté par l’ouest. Le coup de Prague, en février $1948$, sera une des premières vraies cassures entre les deux blocs. Alors que la Tchécoslovaquie est un pays à la fois démocratique et communiste, l’annonce du plan Marshal vient mettre un terme à cette cohabitation. La crise que déclenche ce plan amène le président du pays à créer un nouveau gouvernement composé uniquement de communistes. La Tchécoslovaquie devient une démocratie populaire. Suite à la rupture de la Grande Alliance, deux blocs se forment. Le bloc de l’Ouest, le camp impérialiste, est composé de démocraties, avec différents partis politiques et un parlement élu, qui entendent faire respecter les libertés individuelles de chaque citoyen.  Ce sont des pays régis par une économie capitaliste et libérale. La propriété privée domine et le secteur public est limité. Les pays de ce bloc passent de nombreuses alliances militaires entre eux. $L'OECE$ (Organisation Européenne de Coopération Économique), créée en 1948, a comme tâche la répartition de l’argent du plan Marshall entre les différents pays bénéficiaires. Cette organisation va favoriser le développement des relations économiques et commerciales entre les pays membres. $L'OTAN$ (Organisation du traité de l’Atlantique Nord), créée en $1949$, a pour vocation d’assurer la protection des pays occidentaux contre les menaces communistes. L’OTASE (Organisation du Traité de l'Asie du Sud-est), créée en $1954$ suite à la guerre d’Indochine, a pour fonction de regrouper tous les pays asiatiques qui ne sont pas communistes. Le bloc de l’est, le camp anti-impérialiste, est composé de démocraties populaires. Un seul parti y est reconnu, le parti communiste. A ce titre, le Kominform regroupe les représentants des pays communistes. Ces différents pays appliquent les principes marxistes et léninistes, dont la « dictature du prolétariat ». Ils y appliquent également une économie socialiste. Les moyens de production sont collectivisés et planifiés. Un pacte économique, le COMECON ou le $CAEM$ (Conseil d'Assistance économique et mutuelle), est passé entre les pays membres de l’URSS. Cette organisation d’entraide économique a été créée en riposte au plan Marshall, en janvier $1949.$ Elle associe toutes les économies du bloc de l’est. L’URSS va également mettre en place des alliances militaires afin de consolider sa position dans le monde. Le pacte de Varsovie, signé en $1955$, lie militairement tous les pays du bloc anti-impérialiste. Alors que les deux blocs se constituent, chaque camp cherche les moyens de combattre l’autre sans toutefois déclencher une guerre ouverte. On parle alors de la guerre froide.

II. Les manifestations de la guerre froide

     1 Le Blocus de Berlin

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne vaincue est amputée de vastes territoires à l’est de la ligne Oder-Neisse puis divisée en $4$ zones d’occupation contrôlées par les Soviétiques à l’est, les Britanniques, les Américains et les Français à l’ouest. Dans la zone soviétique se situe la ville de Berlin elle-même divisée en $4$ secteurs d’occupation. Cette présence occidentale à Berlin inquiète Staline qui perçoit comme une menace l’unification progressive des zones occupées par les occidentaux. Le $24$ juin $1948$, en réponse à la décision des « occidentaux » de mettre en place une monnaie unique à l’intérieur de leur zone, le leader soviétique tente un coup de force et fait établir un blocus pour empêcher tout ravitaillement des quelque $2$ millions de Berlinois vivant à l’ouest de la ville. Les axes ferroviaires et routiers sont systématiquement coupés et contrôlés par les Soviétiques, la navigation sur le canal de la Spree est également interrompue. Seule la voie des airs reste libre et le général américain Clay met alors rapidement en place un pont aérien pour ravitailler la ville.Trois couloirs aériens à sens unique : deux entrants et un sortant, sont créés pour permettre la rotation des avions dont le nombre peut atteindre 800 par jour. Durant près de $11$ mois, les avions occidentaux surnommés « Rosinenbomber »  par les Berlinois vont transporter environ $2.5$ millions de tonnes de marchandises, notamment de la nourriture et du charbon. Devant l’échec de son coup de force Staline décide de lever le blocus de Berlin le $1^{er}$ mai $1949.$ Dans cette première crise de la guerre froide les deux Grands ont fait preuve de  prudence : L’URSS ne s’est pas opposée aux rotations aériennes des Occidentaux et les Etats-Unis n’ont pas cherché à forcer les barrages soviétiques. Pour autant les positions s’avèrent désormais irréconciliables quant au sort de l’Allemagne. En septembre $1949$ sous l’égide des Américains, des Britanniques et des Français la République Fédérale d’Allemagne est créée avec Bonn pour capitale. L’URSS réplique en créant la République Démocratique allemande en octobre 1949 dont Berlin-Est est la capitale.

      2. La guerre de Corée

Divisée en deux depuis $1945$, la Corée devient en effet le théâtre d'un conflit qui fait craindre une troisième guerre mondiale. Quand la Corée du Nord communiste envahit la Corée du Sud en $1950$, l'ONU décide l'envoi de troupes américaines sur le terrain, complétées par les contingents d'une quinzaine de nations (voir Corée, guerre de). Le conflit, marqué par l'intervention de $500\ 000$ soldats chinois, s'achève trois ans plus tard par une trêve qui laisse inchangée la frontière d'avant guerre.
 

III.  La coexistence pacifique ou détente 

La coexistence pacifique est une période d’apaisement dans les relations internationales à partir de $1953.$ Elle est liée à un contexte favorable pour se matérialiser par la détente entre $1963$ et $1973.$

     1. Les causes de la coexistence

L’apaisement noté dans les relations internationales à partir de $1953$ est lié à plusieurs facteurs.Le changement à la tête des deux superpuissances : en $1953$, Eisenhower et Khrouchtchev succèdent à Truman et Staline et adoptent des positions plus modérées.L’équilibre de la terreur : chaque puissance détient des armes terrifiantes pouvant occasionner d’importantes pertes $($Bombe atomique : USA en $1945$ et URSS en $1949$ ; bombe à Hydrogène : USA en $1952$, URSS en$1953)$ : on parle de parité nucléaire. La fissuration des blocs : A l’Est des révoltes sont notées dans certains pays. C’est le cas de la Hongrie où des étudiants soutenus par l’armée réclament Imré Nagy qui, une fois au pouvoir dénonce le pacte de Varsovie et réclame la neutralité Hongroise. Les troupes Soviétiques envahissent le pays et le font remplacer en $1956.$ Le même scénario est observé en Pologne la même année où des manifestants qui refusent la subordination à l’URSS installent Gomulka au pouvoir. Parallèlement à l’Ouest des pays comme la France engagés dans des guerres coloniales se trouvent opposés aux USA qui soutiennent la décolonisation.L’apparition du tiers- monde dans les relations internationales. Ce dernier adopte une position neutraliste par rapport aux deux blocs.

     2. Les réalités ou la mise en œuvre de la détente

La détente entre $1963$ et $1973$ va se manifester par plusieurs actes. En effet Khrouchtchev affirme sa volonté de mener une diplomatie plus souple et une politique de déstalinisation. Du côté Américain Eisenhower renonce au maccarthysme et accepte en $1954$ l’adhésion à l’UNESCO de l’URSS. Celle-ci reconnaît la RFA en $1955$ et dissout le Kominform en $1957.$ Le rapprochement se manifeste également par les voyages de Khrouchtchev à Londres en $1956$ et aux Etats-Unis en $1959$ et l’installation d’une ligne de téléphone rouge entre le Kremlin et la Maison Blanche. Il y a aussi la signature des accords bilatéraux d’interdiction des essais nucléaires non souterrains en $1963$ et de limitation de la quantité d’armement nucléaire (accord de SALT) en $1972.$ Notons enfin qu’en $1971$ les USA reconnaissent la Chine qui finira par remplacer Taiwan au conseil de sécurité.

     3 Les limites de la coexistence

En dépit des bonnes intentions déclarées, les deux Grands continuent leur rivalité, avec notamment la seconde crise de Berlin et surtout la crise des fusées de Cuba

          a) La seconde crise de Berlin

En Allemagne, Berlin-Ouest sert de tremplin pour l’émigration vers la $RFA.$ C’est une contre-propagande pour les Soviétiques. Ainsi les autorités de la $RDA$ édifient, dans la nuit du $12$ au $13$ août $1961$, un mur fortifié séparant les deux parties de la ville. Surnommé le « mur de la honte », le Mur coupe Berlin pendant $28$ années et symbolise la division du monde en deux blocs séparés par ce que Churchill appelait déjà $($le $5$ mars $1946)$ le « rideau de fer » (« Iron Curtain »). Mais c’est surtout la crise des fusées de Cuba qui étale au grand jour les limites de la détente

          b) La crise des missiles cubains (1962)

La crise des fusées de Cuba est déclenchée en $1962$ par l’installation à Cuba de rampes de lancement de missiles soviétiques révélée par l’avion espion $U2.$ Le déploiement des fusées soviétiques fait suite au débarquement de $1\ 500$ commandos cubains formés et armés par la $CIA$ $($débarquement de la Baie des Cochons du $17$ avril $1961)$ pour renverser le régime de Fidel Castro $($né en $1927$, dirigeant de Cuba depuis $1959$, surnommé le « lider maximo »$).$ Face à la situation, le président américain Kennedy opte pour une riposte graduée : dans un discours télévisé le $22$ octobre $1962$, il annonce un blocus autour de l’île de Cuba afin d’empêcher l’arrivée de nouveaux missiles et se déclare prêt à employer l’arme nucléaire tout en ouvrant la porte à des négociations. Le monde est soudain suspendu à la menace d’une possible guerre nucléaire. Les deux grands négocient au-dessus de la tête de Castro. Le dirigeant soviétique Khrouchtchev accepte, le $28$ octobre $1962$, de démanteler les missiles en échange de quoi les États-Unis n’interviendraient pas dans les affaires de l’île de Cuba. L’accord final entre les deux chefs d’Etat comporte une clause secrète par laquelle les Etats-Unis s’engagent à retirer les missiles installés en Turquie. Les missiles soviétiques sont démantelés le $12$ novembre $1962$ et la quarantaine est levée le $20$ novembre. Le bras de fer psychologique auquel cette a crise a donné lieu aboutit à un début de détente relative dans la course aux armements

          c) La guerre du Vietnam

Elle oppose la guérilla du Viet- Kong appuyée par les soviétiques et le sud soutenu massivement par les Etats-Unis. Ces derniers interviennent militairement aux côtés de leurs alliés à partir de $1965$ par l’envoi de $500000$ hommes. En $1973$ le président Nixon se retire du pays sans toutefois réussir à briser la résistance communiste.

IV. De la « guerre fraîche » à un monde unipolaire

     1. La guerre fraîche

En $1975$, l'Union soviétique commence à marquer des points en Afrique où elle intervient en Angola et au Mozambique par l'intermédiaire des Cubains. En Éthiopie, un régime procommuniste s'empare du pouvoir. La même année, après le départ des Américains, l'Asie du Sud-est devient le champ clos des affrontements sino-soviétiques. Les Vietnamiens sont soutenus par les Soviétiques et les Cambodgiens par les Chinois. Ils s'affrontent dans l'un des conflits les plus meurtriers de la seconde moitié du $XX^{ième}$ siècle. En Amérique latine, les positions stratégiques américaines sont mises à mal par la révolution sandiniste au Nicaragua. Au Moyen-Orient, en $1979$, la révolution islamique en Iran prive les États-Unis d'une position stratégique. À la fin de la même année, les Soviétiques envahissent l'Afghanistan. C'est le coup de Kaboul.Après avoir hésité sur la politique à suivre face à ces remises en cause de la détente, les États-Unis reprennent à leur tour l'offensive après l'arrivée de Ronald Reagan au pouvoir. Il affirme sa volonté de contrer l'Union soviétique. Il reprend la course aux armements stoppée pendant la détente et propose un projet stratégique connu sous le nom de « guerre des étoiles », réseau de satellites destinés à détruire les fusées nucléaires soviétiques. Les Soviétiques répliquent en installant des fusées à portée intermédiaire dans les démocraties populaires. Les Américains font de même en Europe occidentale. C'est la crise des euromissiles. Par ailleurs, les États-Unis reprennent l'initiative en Amérique latine en soutenant la Contra, guérilla antisandiniste, et en envahissant l'île de Grenade pour en chasser le gouvernement promarxiste qui s'y était installé.

     2. Un nouvel ordre mondial unipolaire

En $1985$, Gorbatchev arrive au pouvoir en Union soviétique dans un contexte politique très difficile. Après la mort de Brejnev, les luttes internes ont été vives et ses deux successeurs, Andropov et Tchernenko, sont décédés dans un temps très bref, ouvrant une crise de succession majeure à la tête de l'Union soviétique. Gorbatchev est un réformateur. Il a conscience que l'Union soviétique n'a pas les moyens économiques et technologiques de suivre les Américains dans la course aux armements. À l'instar de Khrouchtchev trois décennies plus tôt, il considère que seule une politique de pause dans la rivalité entre les deux Grands peut permettre de sauver le système soviétique. C'est pourquoi il propose une réduction des dépenses militaires et offre aux Américains de discuter du désarmement. Tout va alors très vite. D'une certaine manière, la logique bipolaire continue à fonctionner. Les Soviétiques usent ainsi de leur influence pour mener leurs alliés vietnamiens à évacuer le Cambodge qu'ils occupaient. Les Soviétiques se retirent eux-mêmes d'Afghanistan. Dans le même temps, ils cessent leur soutien aux guérillas et régimes procommunistes africains. En l'espace de quelques mois, l'essentiel des conquêtes de l'ère Brejnev est abandonné. Mais la tentative de Gorbatchev de réformer le système échoue. L'Union soviétique perd le contrôle des démocraties populaires, le mur de Berlin tombe, l'Allemagne se réunifie et, finalement, l'Union soviétique elle-même implose. La Russie, qui succède à l'Union soviétique, est amputée territorialement en raison de l'indépendance autoproclamée de plusieurs anciennes républiques soviétiques. En décembre $1989$, lors du sommet de Malte, les leaders des deux superpuissances annoncent la fin de la guerre froide. La guerre du Golfe, en $1991$, voit la Russie s'associer à une guerre contre son ancien allié, l'Irak. Les États-Unis sont désormais le seul Grand.

Conclusion

De $1947$ à $1991$, les relations internationales entre États-Unis et Union soviétique ont été régies par une logique bipolaire. Tout problème international était tributaire de la position des deux Grands, qui ont exercé alors leur duopole sur le monde. Certes, des tentatives ont été faites pour contourner cette logique. Mais aucun des deux Grands n'a véritablement favorisé des liens avec une puissance moyenne du camp adverse, craignant sans doute de voir l'autre en faire autant. Mais avec la fin de la guerre froide, la logique bipolaire a vécu et les États-Unis deviennent le gendarme du monde. Sans toutefois que la paix du monde soit garantie.
 
Auteur: 
Babacar Niang

Commentaires

Je suis content de vs

Bonsoir Sunudaara vous êtes vraiment utile

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